La table du Renard
Tout homme adulte peut être devin en demandant à un ami de lui enseigner cet art. Les devins les plus appréciés sont les hauts dignitaires de la société des masques , les chasseurs et les guérisseurs
Les prêtres totémiques , le hogon et tous ceux qui célèbrent un culte à Amma et Nommo, ennemis du chacal , ne peuvent approcher les tables de divination
Tout dogon , homme ou femme , peut demander à un devin d’interroger le chacal en offrant les graines qui attireront l’animal
Les devins possèdent des tables d’instruction , à douze cases, qu’ils utilisent pour interroger le chacal
La « Table » sert d’instrument de divination. La personne qui a des problèmes, va trouver le « devin » pour qu’il lui prédise l’avenir ou lui donne quelques conseils. A l’écart du village, le devin, suite aux explications du client, trace un grand rectangle divisé en plusieurs cases, dont chacune reçoit différents signes et petits bâtons plantés dans le sol. Ensuite le devin demande au client de lancer sur cette « table » une poignée de cacahuettes, puis tous deux quittent les lieux jusqu’au lendemain matin. Pendant la nuit un renard (ou Chacal), vient manger les cacahuettes en piétinant la « table ». Le matin, le devin revient avec son client, et interprète les traces laissées par le renard, et en fonction de celles-ci et des bâtons renversés lui prédit l’avenir.
Le rite funéraire
Il se déroule en trois temps :
Lors du décès, un enterrement est organisé. Le corps du défunt est lavé avant d’être déposé à l’air libre dans les failles des falaises qui servent de cimetière. Son âme reste dans le village.
Quelques mois plus tard, sont organisées des funérailles qui permettent à la famille et aux proches de rendre un hommage au défunt. Son âme continue d’errer dans les alentours.
Le troisième temps est le dama.
Dogon Dama
Cette cérémonie est collective et concerne toutes les personnes décédées au cours des années précédentes. Les âmes sont appelées à rejoindre les ancêtres. Au cours de la cérémonie qui peut durer trois jours, les différents masques sont sortis et défilent et dansent dans le village. Cette cérémonie marque la levée du deuil.
Le culte du Lébé
Le culte du Lébé s’adresse à Lébé Seru, premier ancêtre Dogon qui, enterré au pays du Mandé, ressuscita sous forme de serpent.
Les Andouboulou, premiers hommes, ne connaissaient pas la mort, les Andouboulou devenus vieux (et sages) se muaient en serpents. La Mort leur était inconnue, ils s’en allaient par des grottes pour poursuivre leur vie dans un monde parallèle, le monde des Yébans (des génies), ce qui ne leur enlevait pas la possibilité de revenir faire un tour parmi les humains non encore transformés. Les aïeux mués en serpents, puis en Yébans, continuaient à veiller sur leur descendance… Dans le monde des Yébans se parlait une langue sacrée qui devait rester secrète, le Sigui So.
Or, voilà qu’un jour, un vieillard nouvellement devenu serpent croise sur le chemin de son départ un groupe de jeunes hommes bruyamment chahuteurs. Ceux-ci ont, par jeu, enfilé les jupes de fibres rouges sang, don de Amma, qui ne devaient se porter que pour les cérémonies.
Colère du vieillard, d’autant que lui-même avait enseigné ces jeunes gens et les avait bien mis en garde contre cet interdit. D’indignation, il se mit alors à les rabrouer sans réaliser qu’il leur parlait en Sigui So, cette langue qu’aucun humain ne devait entendre avant sa métamorphose. Sacrilège!
Voilà notre vieillard/serpent devenu impur, les Yébans ne l’acceptent plus dans le monde des génies. Il ne peut non plus revenir auprès des humains qu’il a quittés puisque sa métamorphose s’est accomplie, alors il meurt! Ses fils l’ont enterré dans une grotte.
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Pour plus de détails, lire le livre ci-dessous
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C’est ainsi que la Mort s’est introduite chez les hommes et ne les a plus lâchés.
Du premier ancêtre mort d’avoir transgressé un interdit sont issues les trois grandes familles Dogons : Djon, Ono, Aru qui composent encore le peuple Dogon actuel (certains y ajoutent une 4ème: Domno).
Plus tard, bien après l’enterrement de l’ancêtre-serpent,les Dogons entreprirent une longue migration…
Voulant partir avec les restes de l’ancêtre,ses descendants trouvèrent sa tombe vide.
À la place de sa dépouille, un grand serpent vivant, le Lébé, l’ancêtre revenu à la vie. Alors ils recueillirent de cette terre régénératrice, gage de fertilité qu’ils emportèrent avec eux.
Leur route, en surface puis souterraine, les amenèrent au pied des falaises de Bandiagara, où ils créèrent le village de Kani Bonzon.
Ils élevèrent un autel pour honorer l’aïeul serpent, dressant une pierre étroite et haute qu’ils recouvrirent de terre locale mêlée à la terre prise dans sa tombe, et imprégnée de son nyama, sa force vitale.
Ainsi fut instauré le culte du Lébé , lié à la terre, au cycle de la vie, à la germination des végétaux.
Leur migration n’étant pas terminée, les quatre tribus Dogon (Dyon, Arou, Ono, Domno) emportèrent chacun une partie de ce premier autel et se dispersèrent sur le plateau, le long de la falaise et dans la plaine du Séno. En s’établissant dans une région de leur choix, les membres d’une même tribu (les Arou exceptés) se partagèrent leur part du Lébé, et fondèrent de nouveaux villages.
Dans chaque village on édifia un autel du Lébé. Le Hogon est le prêtre du culte. Il est chargé de l’exécution de rites religieux et agraires qui vont permettre au peuple Dogon de se nourrir et de se perpétuer. Les rites agraires, tel que le Bulu, nécessitent l’intervention du Hogon et du prêtre du Binou. Leurs fonctions se complètent. La notion du Lébé « ressuscité » est étroitement liée aux cycles agricoles : après les récoltes, suit le temps des semailles. A chaque fois la vie reprend le dessus.
La fête du Sigui a lieu tous les 60 ans. Comme la semaine dogon dure cinq jours, cela correspond à peu près à un siècle dogon.
Lors des préparatifs, les initiés partent en brousse apprendre avec leurs aînés la langue secrète, le sigi-so et le rituel des masques.
Lorsqu’ils sont de retour au village, la fête les accueille pendant une semaine : les habitants revêtent des habits brodés de coquillages et de cauris qu’ils ne porteront plus et qui seront brûlés dans une grotte sacrée après la fête.
La semaine de fête terminée, c’est au tour du village suivant d’accueillir les danseurs et les nouveaux initiés et ainsi de suite tout au long de la falaise … Comme il faut bien s’arrêter pendant la saison des pluies pour les travaux des champs, la fête de la Sigi dure près de 7 ans !

C’est dans les villages des 3 Youga que commence la fête. Les femmes nées pendant la fête sont les seules qui ont le privilège d’assister aux danses des masques.
Détail du Sigui (source »Détours des Monde » )
Le dernier a eu lieu de 1967 à 1973, se décalant chaque année de village en village. Ce temps correspondrait à la durée de la révolution de l’étoile satellite de Sirius autour de cette dernière. Le Sigui célèbre la promotion d’une nouvelle génération masculine, ce sont les « Vieux » qui enfantent d’une nouvelle génération d’hommes.
A l’occasion du Sigui, on taille le grand masque représentant le premier mort humain qui s’est transformé en serpent. Fabriqué dans toute la longueur d’un tronc d’arbre avec une tête rectangulaire percée de 2 yeux, ce mât peint et décoré est l’objet d’abondantes libations car il figure l’âme de l’ancêtre-serpent. Le grand masque fiché en terre (il ne danse pas) a de toute évidence une dimension phallique puisqu’on célèbre maintenant la reproduction des hommes et la filiation verticale.
Lors du Sigui, les hommes portent des bijoux féminins et des crosses-sièges masculines, sortes de courtes béquilles taillées, parfois décorées. Ils affirment ainsi leur maîtrise de la reproduction, redevenant les êtres androgynes du mythe…
Les masques Kanaga, Sirige, masques animaux, dansent dans une grande procession.
Dogon Sigi Ritual Dances
La cosmologie des dogons
La périodicité de 50 ans est déterminée pour des dogons par les rotations d’une étoile très lourde, invisible des hommes et extrêmement massive, qu’ils disent graviter en cinquante années autour de Sirius , lui-même l’astre le plus brillant de tout le firmament.

Les Dogons appellent Po Tolo ou Po-Digitaria (étoile oeil) cette étoile invisible du nom d’une graine de céréale, africaine très petite et très lourde qu’ils utilisent régulièrement. Les Dogon croient que l’origine du monde vient de cette planète
Ce serait la plus petite et la plus lourde des étoiles et elle contiendrait le germe de toute chose Cette étoile serait sirius B , une naine blanche , effectivement une étoile très dense et très lourde , mais celle-ci ne fut découverte qu’en 1844 par Friedrich Wilhelm Bessel et Alvan Clarke qui calculèrent que sa révolution autour de sirius était d’environ 50 ans
Une planète graviterait autour de cette deuxième étoile : c’est de celle-ci que serait venu Nommo , le grand ancêtre
Les dogons connaissent aussi l’existence d’une troisième étoile nommée enuna ya , en fait sirius C , beaucoup plus légère que sirius B et tournant dans le même sens qu’elle , sur une orbite plus grande
D’ailleurs les dogons ont également bien d’autres connaissances astronomiques , toutes aussi étonnantes de la part d’une tribu soit disant arriérée , qui vit au centre de l’Afrique et pratiquement sans contact extérieur
Ils connaissent les différentes phases de vénus , qui sont à peu près analogues à celles de la lune et ils ont donné 6 noms différents aux divers aspects que présente cette planète comme s’ils avaient pu l’observer de l’extérieur
Ils divisent le ciel en 22 parties égales et en 266 constellations et ils affirment aussi que venus possède un compagnon , qui pourrait être sans doute l’astéroïde toro , récemment découvert entre la terre et vénus
Ils connaissent aussi les 4 plus gros satellites de saturne invisibles à l’œil nu
La cosmologie dogon connait les galaxies et considère que le soleil est à l’intérieur d’une galaxie
Les dogons prétendent que tout l’univers tourne en spirale conique et qu’il a été créé à partir d’un noyau central par la voix d’Amma leur dieu suprême
Pour eux l’univers est infini , mais cependant mesurable , ce qui rejoint les théories d’Einstein Ils croient que les mondes infinis s’éloignent de nous à des vitesses très grandes dans un mouvement spiralé , par une combinaison de translations et de rotations , combinaison qui se retrouve aussi bien dans les structures élémentaires infiniment petites que dans celles infiniment grandes
Ils connaissent l’expansion et la structure de notre univers
(à suivre: 5e et dernière partie, la création d’après les dogons)
Source: sagesse-primordiale
Dogons, traditions et cosmogonie (1ère partie)
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Légendes astronomiques au pays dogon
Les inventaires de la tradition en pays dogon